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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

reur, n’ayant cessé, depuis le 27 juin, d’annoncer le renforcement de la croisière, alors que l’amiral anglais, par une lettre au commandant Maitland, se déclarait dans l’impossibilité de lui envoyer même une frégate ? Malgré les instructions très secrètes en date du 27, Bonnefoux s’en rapportait-il aux instructions patentes, et ne voulait-il rien compromettre des deux frégates ?

Était-ce du fait de Philibert ? Comblé de faveurs par les Bourbons, fait capitaine à un grand choix le 1er juillet 1814, chevalier de la Légion d’honneur le 12, chevalier de Saint-Louis le 18, il avait pourtant, le 3 juillet 1815, dit à l’Empereur : « Les frégates feront tout ce qu’elles pourront pour éluder ou pour forcer la croisière et, si elles sont attaquées, elles se feront couler plutôt que de cesser le feu avant que Votre Majesté l’ait elle-même prescrit. » Il était alors dans la lettre et dans l’esprit de ses instructions. Le 10, il y était encore lorsqu’il ordonnait à sa division de s’apprêter à combattre. Cet ordre, il le révoque le 11. Faut-il penser que, par le courrier qui apporte à Rochefort les journaux de Paris en date du 5, des contre-ordres sont arrivés ? Doit-on croire que, devant la certitude de la restauration des Bourbons, Bonnefoux, Philibert et Beker ont pris le parti de s’abstenir ?

Le 12 au matin, l’Empereur quitte la Saale et se fait conduire à l’île d’Aix où il s’installe. Désormais on rentre dans les projets d’aventure : les corvettes