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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

l’Angleterre ; que, sous une forme ou l’autre, il insinuât que l’Empereur n’aurait rien à y craindre, ici la duplicité commençait, à moins qu’on ne doive considérer, et que Maitland ne considérât lui-même, cette avance comme le début d’un engagement.

Sans doute, Savary et Las Cases étaient disposés aux illusions, mais Maitland n’a jamais nié qu’il eût prononcé le mot d’asile.

De part et d’autre, des imprudences avaient été commises : celle-ci volontairement, d’autres non. Ne pensant point que Las Cases pouvait comprendre l’anglais, Maitland avait, à un subordonné, lâché quelques mots prouvant qu’il était mieux instruit qu’il ne voulait le paraître ; Las Cases, de son côté, avait, fort mal à propos, parlé d’un navire marchand, sortant, soit par les pertuis (Antioche ou Maumusson), soit par la Gironde. Cela mettait Maitland en garde.

Par écrit, le commandant du Bellerophon répondit « qu’il ne pouvait dire quelles seraient les intentions de son gouvernement, mais que les deux pays étant pour le présent en état de guerre, il lui était impossible de permettre qu’aucun navire de guerre sortît du port de Rochefort. Quant à permettre que l’Empereur sortît sur un vaisseau marchand, il était hors de son pouvoir, sauf l’autorisation de son chef, Sir Henry Hotham, en ce moment dans la baie de Quiberon, auquel il envoyait la dépêche du comte Bertrand, de permettre à aucun navire sous quelque pavillon qu’il