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LÀ NÉGOCIATION AVEC LES ANGLAIS

unanimement déclaré que les frégates ne pouvaient échapper à la croisière et, dès lors, toutes les spéculations avaient eu pour objet de trouver quelque autre moyen pour gagner la pleine mer.

Or, une fois de plus, il allait être démontré que, chez la plupart de nos marins, la succession des désastres subis avait aboli l’esprit d’aventure et le sens de l’opportunité : car tel était si peu l’avis de Maitland et de son chef, l’amiral Hotham, Maitland se croyait si peu sûr d’empêcher, avec l’unique vaisseau et le brick qu’il commandait, la sortie des frégates que, dans l’entretien, courtois d’ailleurs, qu’il eut avec Savary et Las Cases, il se proposa uniquement de gagner du temps pour attendre des renforts demandés. Il allégua qu’il n’avait reçu aucune nouvelle depuis celle de Waterloo ; il ne révéla rien de ce qu’il savait, ni des ordres qu’il avait reçus : refus du sauf-conduit, empêcher tout navire de sortir, prendre Napoléon, le transférer sur un vaisseau et revenir en toute hâte au port d’Angleterre le plus voisin ; c’était son droit de belligérant ; de même, n’avait-il point à révéler que, jour par jour, presque heure par heure, il était mis au courant, par des Français royalistes, de tous les projets formés pour le salut de l’Empereur…

Qu’il déclarât encore qu’il devait demander des ordres à l’amiral Hotham, alors qu’il avait ces ordres en poche, c’était une ruse permise ; mais qu’il suggérât que l’Empereur demandât asile à