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DIVERS PARTIS QU’ON PROPOSE

Cette nouvelle attitude n’avait-elle pas été inspirée à la Commission provisoire par la réception des dépêches, en date du 30 juin, par lesquelles le ministère britannique refusait les passeports ? Arrivées le 2 juillet à Boulogne, peut-être ces dépêches n’étaient-elles point encore à Paris le 4, lorsque Fouché avait fait expédier les ordres par Decrès ; le 6, elles étaient certainement aux mains de Fouché. La Commission pouvait dès lors se montrer libérale ; elle concédait l’aviso, dont Napoléon ne pouvait se servir et qui ne pouvait être prêt sur l’heure pour un tel voyage ; quelque solution qu’il adoptât, elle lui en laissait la responsabilité.

Dans l’état des choses, essayer de partir pour les États-Unis eût paru insensé et n’eût guère été faisable : l’Empereur était embarqué sur la Saale dont le commandant « ne pouvait, sous peine de haute trahison, le débarquer sur un point du territoire français ». Aucun moyen donc de gagner, par terre, comme fit Joseph, la rivière de Bordeaux et de s’y embarquer incognito sur un aventurier. Sortir de la rade sur les frégates passait pour impraticable. Restait d’aborder franchement les Anglais, de savoir d’eux-mêmes ce qu’ils comptaient faire de lui, de leur demander, soit le libre passage pour les États-Unis, soit un asile dans quelque campagne d’Angleterre ou d’Écosse.

Napoléon fit donc écrire en son nom par le Grand maréchal au préfet maritime, la demande