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LES OBSÈQUES

à coucher, transformée en chapelle ardente. On l’a tendue de drap noir, acheté soit dans les magasins de la Compagnie, soit chez les marchands de la ville, et c’est même l’achat de cette quantité de drap qui a appris aux habitants la mort de l’Empereur. On y a réuni tout le luminaire de la maison. Un autel a été dressé à la tête du lit. Sur un des lits de camp, on a déployé le manteau bleu que l’Empereur portait à Marengo, et, sur ce manteau, on a déposé le corps, chapeau en tête. Un crucifix est placé sur sa poitrine. Un aigle d’argent soutient les rideaux blancs, relevés aux coins par quatre aigles. Sur une petite table, près du lit, on a placé les vases d’argent renfermant le cœur et l’estomac ; à la tête du lit, se tient le prêtre en surplis ; aux quatre coins, les serviteurs de l’Empereur ; entre l’autel et le lit, Bertrand et Montholon. Les domestiques forment la haie, entre la porte et la croisée, pour laisser le passage libre.

On ouvre les portes : le capitaine Crokatt, officier d’ordonnance à Longwood, règle la marche ; les officiers supérieurs, les officiers, les sous-officiers, puis les soldats et les marins ; plusieurs sous-officiers ont amené leurs enfants. « Regarde bien Napoléon, dit un de ces soldats à son petit garçon, c’est le plus grand homme du monde. » Telle est la voix du peuple.

À cinq heures du soir, le gouverneur, répondant à la lettre que Montholon lui a écrite la veille, fait connaître que, « depuis 1820, il a l’ordre de ne