Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/498

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
480
NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

Ce n’est point un acte ostentatoire qu’il accomplit, c’est un acte intime : l’affirmation volontaire et décidée de sa foi traditionnelle.

Ces cérémonies l’ont épuisé ; lorsque Marchand rentre dans le salon, il le trouve les yeux fermés, le bras étendu sur le bord du lit, la main pendante ; le bon serviteur s’approche et baise cette main, sans que l’Empereur ouvre les yeux. Marchand appelle Saint-Denis qui, de même, baise cette main sans que l’Empereur fasse un mouvement. Eux aussi, ils ont la foi.

Voici pourtant que le docteur Arnott demande à être reçu ; Marchand l’annonce doucement à l’Empereur ; puis vient le Grand maréchal : l’Empereur ouvre les yeux et, avec une parfaite indifférence, parle du résultat insignifiant de la consultation : seul avec Marchand, il ne lui dit pas un mot de son entretien avec l’abbé Vignali.

On n’a point annoncé à l’Empereur que les consultants s’étaient accordés pour lui administrer du calomel ; comme on connaît sa répugnance à tous les remèdes, on est convenu de ne pas lui en parler et de le dissimuler le mieux possible. Marchand lutte, ne voulant pas tromper son maître ; il ne se rend qu’à cette observation du Grand maréchal : « C’est ici, une dernière ressource tentée, l’Empereur est perdu. Il ne faut pas que nous ayons à nous reprocher de ne pas avoir fait tout ce qu’humainement on peut faire pour le sauver. » Délayant alors la poudre dans de l’eau sucrée, Marchand