Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/497

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
479
L’EXTRÊME-ONCTION

l’Empereur, et il se tint à la porte pour interdire l’entrée à qui pourrait se présenter.

« Le Grand maréchal arriva comme j’étais là, écrit Marchand, et s’informa de ce que faisait l’Empereur. Je lui racontai comment l’abbé Vignali avait demandé à être introduit et à rester seul auprès de lui ; que je pensais qu’en ce moment s’accomplissait un acte religieux dans lequel l’Empereur ne voulait pas de témoins. — Je vais, me dit-il, chez Montholon ; faites-moi prévenir quand Vignali sortira. Une demi-heure après environ, l’abbé, en sortant, me dit : « L’Empereur vient d’être administré ; l’état de son estomac ne permet pas un autre sacrement. »

Ainsi, ce ne fut point, comme on a dit récemment, dans un but politique et dynastique qu’il tint à recevoir, à l’heure de la mort, les secours de la religion : eût-il eu un tel objet, il eût convoqué ses serviteurs, il eût, comme faisaient les rois très chrétiens, commandé qu’on ouvrît toutes les portes et qu’on donnât la plus grande publicité à l’acte qu’il accomplissait. — Point du tout, il ne veut personne entre le prêtre et lui ; il demande, il réclame le secret ; il entend que l’abbé vienne en costume bourgeois et dissimule « l’objet qu’il porte ». Qu’est-ce à dire ? Que ce n’est point pour donner à penser aux autres qu’il veut un prêtre, mais que, dans son for intérieur, il le réclame, et qu’il est résolu à recevoir de lui « l’adjutoire » qu’administre à ses fidèles la religion catholique.