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L’EXTRÊME-ONCTION

Bertrand est sorti, il dit à Marchand, en le regardant et en faisant une légère grimace : « Beau résultat de la science ! Belle consultation ! Laver les reins avec de l’eau de Cologne, bon ! Pour le reste, je n’en veux pas. »

Noverraz, qui a manqué succomber à une attaque au foie et qui est au lit depuis un mois, s’est traîné jusqu’à la chambre de son maître qui lui dit : « Tu es bien changé, mon garçon, te voilà mieux. — Oui, Sire. — Je suis bien aise de te savoir hors de danger : ne te fatigue pas à rester sur tes jambes ; va te reposer. » Noverraz, à grand’peine, gagne la pièce voisine où il tombe.

Ce jour-là, à deux heures. Marchand est seul avec l’Empereur lorsque Saint-Denis vient lui dire que l’abbé Vignali désire lui parler : « L’Empereur, dit l’abbé, m’a fait dire par le comte de Montholon que je vinsse le voir, mais j’ai besoin d’être seul avec lui. » Il est en habit bourgeois et tient sous cet habit quelque chose qu’il cherche à dissimuler. Il exécute sans nul doute des ordres précis tels que l’Empereur excelle à les donner.

Dès le 20 avril, l’Empereur avait dit à Vignali en présence d’Antommarchi : Savez-vous ce que c’est qu’une chambre ardente ? — Oui, Sire. — En avez-vous desservi ? — Aucune, Sire. — Eh bien, vous desservirez la mienne. Lorsque je serai à l’agonie, vous ferez dresser un autel dans la pièce voisine ; vous exposerez le Saint-Sacrement et vous direz les prières des agonisants. Je suis né dans la reli-