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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

jour passer quelques instants au chevet de l’Empereur.

On attendait la mort : Arnott et Antommarchi couchaient dans la bibliothèque ; Bertrand fut admis à veiller avec Marchand ; Montholon était assisté par Saint-Denis. Deux hommes n’étaient pas de trop : dans la nuit du 2 au 3, « l’Empereur, qui, malgré sa faiblesse, avait toujours voulu se lever pour le plus léger besoin, prétendit sortir de son lit : le comte de Montholon et Saint-Denis s’en approchèrent. Resté debout un instant, les jambes fléchirent sous le poids du corps, et il serait tombé si l’un ou l’autre ne l’avait retenu. » On le remit dans son lit ; il était si faible qu’on crut le dernier moment arrivé ; Antommarchi et Arnott parvinrent à le ranimer.

Le 3, il ne prend plus que de l’eau sucrée avec un peu de vin : chaque fois que Marchand lui en offre, il lui dit, en le regardant d’un œil presque gai : « C’est bon ; c’est bien bon ! » Le gouverneur vient demander qu’Arnott et Antommarchi consultent avec deux médecins Shortt et Mitchell : ceux-ci ne voient point le patient ; ils délibèrent avec leurs confrères en présence du comte Bertrand et de Montholon. Le Grand maréchal vient rendre compte à l’Empereur du résultat de la consultation : c’est qu’il se laisse frotter les reins qui s’entament avec de l’eau de Cologne mitigée d’eau naturelle et qu’il prenne une potion calmante. — « C’est bien dit-il au Grand maréchal, nous verrons » ; et, quand