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LES DERNIERS JOURS

à porter son lit et à coucher dans la bibliothèque. Napoléon qui lui avait pardonné, lui enjoignit « de bien examiner, lorsqu’il l’ouvrirait, l’état de son estomac, pour préserver son fils d’une maladie qui avait entraîné son père et lui au tombeau ». Il eut des instants comme d’assoupissement ; mais au réveil, l’esprit parfaitement net ; il permit que Mme Bertrand vînt le voir le lendemain : c’était une grande faveur ; depuis qu’elle avait manifesté le désir de quitter Sainte-Hélène, l’Empereur n’était plus allé chez elle et ne l’avait point reçue : il fit venir le maître d’hôtel qui était allé à la ville, demanda quelle sorte d’oranges il avait rapportée, s’informa de ce qu’on disait de lui. « Dans la journée, ses yeux se portaient le plus souvent sur un petit tableau à l’huile : le portrait du Roi de Rome, »

Mme Bertrand fut introduite le 1er mai, à onze heures. L’Empereur la fit asseoir au chevet de son lit, lui parla de la maladie qu’elle avait traversée : « Vous voilà bien maintenant, lui dit-il ; votre maladie était connue ; la mienne ne l’est pas, et je succombe. » Il demanda des nouvelles des enfants, pourquoi elle n’avait pas amené Hortense. — Elle prit congé, et, lorsqu’elle fut sortie de la chambre, ses sanglots éclatèrent : « L’Empereur, dit-elle, a été bien cruel pour moi en se refusant à me recevoir ; je suis bien heureuse de ce retour, mais je le serais bien davantage s’il avait voulu de mes soins. » Depuis lors, elle vint chaque