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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

l’Empereur : elle était pour la France et sa grandeur.

On assure que, dans la matinée du 29, il aurait eu la pensée de rédiger un huitième codicille et que la faiblesse l’en aurait empêché ; il n’en a pas moins ensuite dicté à Montholon les deux lettres qu’il adressait à Laffitte et au baron de La Bouillerie, invitant celui-ci, son ancien trésorier, à remettre à M. de Montholon le compte et le montant de son trésor privé et celui-là, le banquier, à liquider le compte des six millions d’accord avec Montholon, Bertrand et Marchand et, en échange du reçu, à en solder le montant. Ces deux pièces, quoique rédigées le 29, portent la date du 25 ; Marchand qui les copia en fit l’observation. On n’en tint pas compte.

Ces quatre heures de travail avaient épuisé l’Empereur qui, dans la soirée, parla beaucoup, d’une parole à des moments embarrassée ; occupé uniquement de son fils, il voulut dicter à Marchand, dans la chambre sans lumière, des dispositions nouvelles : ainsi léguait-il à son fils « sa maison d’habitation d’Ajaccio aux environs des Salines, tous ses biens dans le territoire d’Ajaccio pouvant lui donner cinquante mille livres de rentes… » Imaginaires fortunes qui avaient hanté sa jeune imagination au temps où, d’Auxonne, les Salines et Candie lui apparaissaient tels qu’un royaume.

Le 30, on parla d’un vésicatoire à poser sur l’estomac ; le cautère ne jetait plus ; Antommarchi comprit à la fin que l’Empereur mourait ; il demanda