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LES DERNIERS JOURS

entre les deux fenêtres, en face de la cheminée ; un paravent couvre la porte ; près du chevet du lit est une petite table. L’Empereur demande si tout est prêt ; à grand’peine, il sort de son lit, passe sa robe de chambre, chausse ses pantoufles ; refusant de se laisser porter, soutenu par Montholon et par Marchand, il parvient jusqu’à son lit, disant : « Je n’ai plus de forces, me voilà sur la paille ! » On lui enveloppe les pieds et les jambes de serviettes brûlantes, comme on fait chaque fois qu’on craint une défaillance et presque constamment ; et l’on se hâte d’apporter « le second lit de campagne dans l’angle du salon, près de la porte communiquant au billard, sur le même côté que la cheminée ». Car, même dans les derniers temps, l’Empereur, soutenu par Montholon ou Marchand et par Saint-Denis, allait la nuit, d’un lit à l’autre, espérant trouver un repos qui fuyait toujours.

Durant cette nuit du 28 au 29 où l’Empereur ne dormit point, il dicta jusqu’à trois heures à Montholon ; et, quand Marchand eut relevé Montholon, il continua avec lui. Ces dictées étaient intitulées : Première Rêverie ; Seconde Rêverie. La seconde concernait « une organisation des gardes nationales dans l’intérêt de la défense du territoire ». Il dicta ainsi durant une heure et demie : et, en terminant, il ordonna à Marchand de mettre au net le brouillon et d’en joindre la copie à celle qu’aurait faite Montholon. Celui-ci égara ces dictées, la dernière pensée politique qu’on eût de