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NAPOLÉON À L’ÎLE D’AIX

pereur consent à se rendre à l’île d’Aix, près de laquelle les frégates sont mouillées. Il part à quatre heures, mais, en route, il change de but ; il ira directement à la Saale. Il y arrive à huit heures. Peut-être a-t-il cru que, comme il vente grand frais, la frégate pourra appareiller dans la nuit ; mais le 9, le vent est tombé. Avant le lever du soleil, l’empereur est sur le pont ; il examine les mâtures des deux navires de la croisière anglaise, le Bellerophon et le Myrmidon : il ne se renseigne ni n’interroge.

Brusquement, il se décide à visiter l’île d’Aix. Citoyens et soldats l’y accueillent par leurs vivats, comme à Niort, comme à Rochefort[1]. Tous voudraient combattre, et ils espèrent contre l’espérance.

Cependant Beker, qui n’a pas été prévenu de ce départ matinal, a fait armer un canot et est arrivé en grande inquiétude. L’Empereur se détermine à réintégrer la Saale. À ce moment, arrive le préfet maritime, porteur de nouvelles dépêches du Gouvernement, en date du 6, contradictoires, au moins en apparence, à celles reçues l’avant-veille. Soit que la Commission, ayant appris quel sort les Bourbons réservaient à l’Empereur, eut renoncé à le livrer ; soit, qu’elle n’eut pas eu besoin, pour

  1. On a prétendu que le cri le plus vivement exprimé aurait été : « À l’Armée de la Loire ! » Il n’y a pourtant eu une armée de la Loire que lorsque, après l’évacuation de Paris, l’armée fut arrivée sur la Loire : or, elle n’y fut point avant le 10 juillet.