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LE TESTAMENT

de sa jeunesse, pour ceux qui, dans l’adversité, sont demeurés fidèles, pour les enfants de ceux auxquels leur dévouement a coûté la vie…

On ne saurait croire qu’il se figure en disposer effectivement, mais il prend de l’illusion ce qui peut lui paraître consolant ; toutefois, il sait à quoi s’en tenir et l’on en est convaincu à voir la façon dont il procède et la gradation de ses libéralités : il n’a d’effectif à Sainte-Hélène que le collier de chatons que la reine Hortense lui remit comme suprême ressource lors du départ de Malmaison, et la petite réserve dissimulée aux Anglais et augmentée de certains prélèvements sur les fonds envoyés de Londres. Le collier, il ordonne à Marchand de le lui apporter, et il lui dit en le lui remettant : « Cette bonne Hortense me l’a donné pensant que je pourrais en avoir besoin. Je crois sa valeur de deux cent mille francs. Cache-le autour de ton corps ; je te le donne ; j’ignore dans quel état sont mes affaires en Europe, c’est la seule valeur dont je puisse disposer. Il te mettra à même d’attendre le sort que je te fais par mon testament et mes codicilles… »

Il assure ainsi, par un don manuel, le sort de l’homme qui l’a constamment entouré des soins les plus attentifs et les plus délicats ; il distribue les 300.000 francs qu’il possède entre ses compagnons selon leur rang, comme pour leur servir de viatique ; ce sont là encore des espèces tangibles ; ensuite, et, c’est là la matière du premier codicille,