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LE TESTAMENT

Le testament raconte, explique, commente Napoléon tout entier : il renferme la doctrine qu’il a apportée aux Français ; et l’opinion qu’il a voulu qu’ils gardassent de lui. Il exige une étude qui ne saurait être faite en quelques pages et les étranges péripéties qui en accompagnèrent l’exécution devront aussi être rapportées, sans aucune complaisance, quelque graves que soient les faits qui seront ainsi mis au jour.

Pour la rédaction du testament, les dates importent : jusqu’à la veille de sa fin, Napoléon fut assurément en pleine possession de ses facultés : il envisagea la mort avec une entière lucidité, de la façon dont il la regardait sur le champ de bataille ; mais, à mesure que la vie se retire, que l’affaiblissement augmente, ne se laisse-t-il pas entraîner par quelque rêve ou quelque prestige d’imagination ? Le testament proprement dit et le premier codicille, visant exclusivement les sommes déposées chez Laffitte et dont l’existence est certaine, sont en date du 15 avril : L’Empereur dispose, par un codicille annexe, des deux cents millions de son domaine privé ; il les lègue à ses compagnons d’armes et aux habitants des villes qui ont le plus souffert par l’une ou l’autre invasion : il sait que les Bourbons ne rendront point ce qu’ils ont pris, mais il élève ainsi une protestation à laquelle il associe « les officiers et soldats qui ont combattu depuis 1792 à 1815 pour la gloire et l’indépendance de la nation » et « les villes et campagnes d’Alsace,