Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/481

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
463
LE TESTAMENT

Montholon et Bertrand, l’un de ses exécuteurs testamentaires. « J’ai chez le Grand maréchal, lui dit-il ensuite, un testament pour être ouvert par lui après ma mort, dis-lui de te le remettre et apporte-le-moi. » Marchand se rendit chez le Grand maréchal, et lui fit la commission. Tout surpris qu’il parût, Bertrand alla prendre le pli dans son secrétaire et le remit à Marchand qui le rapporta à l’Empereur. Il le décacheta, en parcourut les pages, les déchira en deux en disant à Marchand de mettre les morceaux au feu.

L’après-midi, il sortit de son lit, alla jusqu’à son fauteuil et, à Arnott, venu à quatre heures selon son habitude, il tint un discours violent contre le gouvernement anglais. Bertrand traduisait phrase par phrase ; il énuméra les offenses dont il avait été victime : « Voilà, docteur, dit-il en terminant, l’hospitalité que j’ai reçue de votre gouvernement. Je suis assassiné, longuement, en détail, avec préméditation, et l’infâme Hudson Lowe est l’exécuteur des hautes œuvres de vos ministres. Vous finirez comme la superbe république de Venise et moi, mourant sur cet affreux rocher, je lègue l’opprobre de ma mort à la Famille royale d’Angleterre. »

Nul n’a mieux peint son état, à ce moment, que Montholon, lequel dit à l’officier d’ordonnance : « Toute sa force semble être passée de son corps dans sa tête. Il se rappelle maintenant toutes les choses des anciens jours. Il n’a plus de stupeur, sa