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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

lui dit que, pour se donner du ton, il avait pris du vin de Constance avec un biscuit. « C’est absolument de l’huile sur le feu », répondit le docteur. L’Empereur demanda alors « dans quelle chance il était placé » et comme Arnott répondait qu’il en avait beaucoup, que son état n’était point désespéré, « Docteur, lui dit-il, vous ne dites pas la vérité ; vous avez tort de vouloir me cacher ma position : je la connais. » Et il parla de Larrey et de Corvisart ; il revenait souvent à Larrey. « Si l’armée, disait-il, élève une colonne à la Reconnaissance, elle doit l’élever à Larrey. »

Il passa encore les matinées du 17 et du 18 enfermé avec Montholon ; le 19, Bertrand étant venu beaucoup plus tôt que d’habitude, il lui dit de lui lire la suite des campagnes d’Annibal. Dans la matinée, il avait réglé avec Montholon tous les détails du retour de ses compagnons en Europe ; « il avait passé en revue les provisions existantes et qui pouvaient être transportées à bord pour servir à leur traversée ; les moutons qu’on tenait à l’écurie n’étaient même pas oubliés ».

La nuit du 19 au 20 avait été mauvaise ; dans l’après-midi, quand Bertrand vint, l’Empereur fit chercher l’Iliade et dit au Grand maréchal de lui lire un chant. « Homère peint si bien, dit-il, les conseils que j’ai tenus souvent la veille d’une bataille que je l’entends toujours avec plaisir, » Plus tard, Marchand se trouvant avec lui, il lui dit qu’il le nommait, conjointement avec les comtes