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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

sommé dit-il, il faut s’attendre à ce que le Gouvernement envoie des agents à votre poursuite. Dès lors, la scène change : mes pouvoirs, que je ne tiens que d’une Commission provisoire, cessent, et Votre Majesté court de nouveaux dangers dont il est difficile de prévoir la suite. »

Cela, sous l’apparence qu’y donna plus tard Beker, n’est qu’une mise en demeure de monter sur les frégates : en quoi servira-t-il à l’Empereur d’y être, puisqu’il leur est interdit de sortir ? Les ordres des « ministres du Louis XVIII » n’atteindront-ils pas aussi bien en rade que sur terre ceux qui sont disposés à y obéir ? qu’y gagnera Beker pour l’Empereur ? L’Empereur y sera pris comme le lièvre au gîte, et, pour s’excuser de l’avoir livré, les membres de la Commission provisoire déclareront qu’ils lui ont donné tous les moyens de s’échapper, que, le 29, la mer était libre, — ce qu’ils allèguent pour la première fois, — qu’ils ont poussé les précautions jusqu’à le contraindre à s’embarquer, mais que lui, par ses retards, a tout perdu, et que seul il est responsable.

Pour la Commission, il n’est question que des frégates, — toute autre combinaison étant, soit ignorée d’elle, soit volontairement passée sous silence ; or, les frégates ne sont ni assez puissantes pour combattre, ni assez légères pour s’échapper. Donc l’intention ne semble point douteuse, mais comment résister à des ordres que Beker et Bonnefoux doivent exécuter, même par la force ? L’Em-