Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/477

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
459
LA DERNIÈRE MALADIE

demande au docteur Arnott si l’on meurt de faiblesse. Il ne conserve jamais, pour ainsi dire, le peu de gelée ou de soupe qu’il parvient à avaler ; les vomissements se renouvellent, même sans ingestion d’aliments. Le 14, il continue ses dictées ; le 15, de même, et il fait dresser par Marchand l’état de son argenterie, de sa porcelaine de Sèvres, de sa garde-robe et de ses effets. Ce jour-là, lorsque le docteur Arnott vient le voir, il lui parle des généraux qui ont commandé les armées anglaises et il fait l’éloge de Marlborough, dont il a eu l’intention de commenter les campagnes, comme il a fait pour César, Turenne et Frédéric et comme il eût voulu faire pour Annibal. Il demande au docteur Arnott si la bibliothèque du 20e régiment possède l’histoire de ce général ; Arnott ayant répondu qu’il n’en est pas sûr, l’Empereur envoie Marchand prendre l’ouvrage à sa bibliothèque. C’est un exemplaire, relié avec luxe, de cette « Histoire de Jean Churchill, duc de Marlborough, etc., etc., imprimée par ordre de Sa Majesté Impériale » (à Paris, de l’Imprimerie impériale, l’année 1806), hommage singulier et rare que son génie militaire s’était plu à rendre à celui d’un émule. Comme tous les livres que l’Empereur possédait à Longwood, chaque volume portait au recto du faux-titre ces mots : L’Emp. Napoléon écrits à l’encre par Saint-Denis et l’empreinte, à l’encre, d’un cachet sur lequel étaient gravées en creux, les armoiries impériales, « Tenez, docteur, dit-il à