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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

parfois italien ; mais, le plus ordinairement, le Grand maréchal servait d’interprète : il avait pris Arnott en gré ; il pouvait parler avec lui de l’Égypte, un des sujets qui lui plaisaient le mieux, et c’était une distraction.

Les nuits étaient très pénibles : à certaines, la transpiration était telle qu’il fallait le changer cinq ou six fois de flanelle. Dans l’après-midi, parfois une détente permettait qu’il fît sa toilette, se levât, passât une robe de chambre, s’assît dans son fauteuil devant la fenêtre ouverte, et alors il envoyait Bertrand ou Montholon cueillir dans le jardin une fleur qu’il tenait dans ses mains et qu’il respirait longuement. Autrement, il restait dans les deux chambres, dont les persiennes étaient hermétiquement fermées ; et, quand les douleurs du côté étaient trop vives, il se faisait appliquer des serviettes brûlantes.

Le 10 avril, il commença à parler de dispositions testamentaires. Il en entretint Montholon dans la journée. En présence de Marchand, il lui demanda si deux millions suffiraient pour racheter les biens de sa famille en Bourgogne.

Le 12, il consentit à prendre une potion calmante ; il s’en trouva un peu mieux et commença à dicter à Montholon ses dernières volontés ; le 13, il continua de dicter, — « le comte de Montholon reste enfermé seul au verrou avec l’Empereur qui lui dicte jusqu’à trois heures ». À quatre heures, quand les médecins sont introduits, l’Empereur