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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

avec un rasoir ; pensez-vous que ce soit le pylore qui soit attaqué ? Mon père est mort de cette maladie à l’âge de trente-cinq ans ; ne serait-elle pas héréditaire ? » Arnott s’approche, fait une seconde exploration, dit que c’est une inflammation d’estomac, que le pylore n’est pas attaqué, que le foie n’y est pour rien et que les douleurs dans les intestins proviennent des gaz qui s’y sont introduits. L’Empereur insiste, se débat, parlant de l’excellence de son estomac, disant que toute sa vie, sauf quelques vomissements accidentels, ses digestions se sont régulièrement faites. Ainsi, seul, sans connaissances médicales, en dépit des médecins qu’il a vainement mis sur la trace, il détermine sa maladie ; puis, ayant vainement parlé des sensations qu’il éprouve, voyant qu’on ne l’écoute point, il passe à d’autres sujets : sachant qu’Arnott a participé à l’expédition de sir Ralph Abercromby, il lui parle de l’Égypte avec une entière sérénité.

Désormais, il attendra à quatre heures le docteur Arnott qui lui a paru « un brave homme » ; c’est l’heure qu’il adopte pour son dîner. Le Grand maréchal entrera avec Arnott et Antommarchi : l’Empereur gardera les deux médecins une demi-heure ou trois quarts d’heure ; le Grand maréchal restera jusqu’à six ou sept heures. Montholon, durant ce temps, ira prendre l’air et dîner. Il rentrera entre neuf et dix heures chez l’Empereur et restera jusqu’à deux ou trois heures du matin, où Marchand le relèvera.