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LA DERNIÈRE MALADIE

par les Chinois, que je suis malade. » Le 1er avril, il dit à Bertrand : « Votre médecin anglais ira rendre compte à ce bourreau de l’état où je me trouve. C’est vraiment lui faire trop de plaisir que de lui faire connaître mon agonie. Ensuite, que ne me fera-t-il pas dire si je consens à le voir ? Enfin, c’est plus pour la satisfaction des personnes qui m’entourent que pour la mienne propre qui n’attends rien de ses lumières. » Il admet qu’Arnott confère chez le Grand maréchal avec Antommarchi, que celui-ci expose à celui-là la marche de la maladie, et qu’on l’amène le soir même, à neuf heures. Arnott, introduit en effet, à neuf heures, dans la chambre à peine éclairée par le flambeau couvert dans la pièce voisine, s’approche du lit dont Marchand lève la cousinière, tâte le pouls, palpe le ventre et demande la permission de revenir le lendemain matin à neuf heures.

Il arrive donc le 2 avril, amené par le comte Bertrand qui sert d’interprète et accompagné par Antommarchi pour qui a été levée la consigne. L’Empereur le reçoit gracieusement, « lui dit que c’est sur l’estime dont il jouit dans son régiment qu’il a consenti à le voir et sur la promesse de ne point rendre compte au gouverneur de son état ». Après qu’Arnott a fait son exploration, il lui pose diverses questions sur les fonctions de l’estomac, l’entrée et la sortie des aliments dans le pylore : « J’ai, lui dit-il, une douleur vive et aiguë qui, lorsqu’elle se fait sentir, semble me couper, comme