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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

de foie des plus violentes, a dû prendre le lit ; Marchand, récemment atteint d’une attaque de dysenterie, est menacé d’une rechute ; la maladie de l’Empereur peut être longue ; il faut organiser le service. Montholon, Bertrand se proposent : l’Empereur décide que Montholon veillera de neuf heures à deux ; que Marchand le relèvera : Antommarchi ne s’est pas même offert.

L’antipathie qu’il a conçue contre son chirurgien milite avec d’autres considérations pour qu’il accepte de voir un médecin anglais proposé par Lowe : non que Lowe croie à la maladie ; il est convaincu qu’elle est encore une simulation et, presque jusqu’à la fin d’avril, il en paraîtra certain ; mais que l’officier d’ordonnance chargé de constater chaque jour la présence du prisonnier, ne l’a point vu depuis quinze jours et que le général Buonaparte pourrait bien s’évader. Au moins le médecin s’assurera-t-il qu’il est présent. Il est urgent que l’Empereur consente, l’officier de garde ayant ordre de forcer au besoin la porte. Montholon obtient de Lowe quelques jours de répit et tout Longwood s’emploie à persuader l’Empereur qu’il voie le docteur Arnott, chirurgien du 20° régiment. Si peu qu’il tînt à la vie, Napoléon pouvait souhaiter que, par quelque moyen, on allégeât ses souffrances ; ses forces diminuaient journellement, et puis il se doutait de quelque chose. « Ce calabrais de gouverneur, disait-il, nous laisse bien tranquilles. Que cela veut-il dire ? Il sait sans doute,