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LES ORDRES DE LÀ COMMISSION

et qu’on lui fournisse tous les moyens qu’il réclamera pour le succès de sa mission. »

Le 5, Decrès, en transmettant ces ordres, autorise le préfet maritime à joindre aux frégates un aviso ou une mouche. C’est une porte de salut qu’il entr’ouvre. Est-il, sur ce point, en conformité de vues avec la Commission ? On peut en douter : elle n’a point conclu que l’Empereur partît, mais qu’il fût embarqué. « L’Empereur ne devra partir que si la situation de la croisière ennemie permet de le faire sans compromettre les frégates » : donc, les ordres de combat donnés ci-devant par Decrès sont révoqués ; par les lettres de Bonnefoux et de Beker, la Commission sait que la croisière anglaise est en force et à portée : c’est donc l’interdiction de sortir. Nulle allusion aux corvettes du Verdon, au brick de la Rochelle ; les frégates seules, à bord desquelles Napoléon doit être conduit, même par force, — donc, la prison flottante. On lui interdit de communiquer avec la croisière anglaise. N’est-ce pas qu’on ne veut point qu’il se livre lui-même, qu’on se réserve de le livrer — peut-être aux Bourbons ?

Ces ordres ont été expédiés après la capitulation de Paris : signée le 3, elle est devenue officielle le 4. On devrait la connaître à Rochefort : assurément, tout le monde n’en est point aussi ignorant que Napoléon. Beker, lorsqu’il se présente devant lui, le 8, y fait nettement allusion : « Le sort de la France étant malheureusement con-