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LA DERNIÈRE MALADIE

et se laver les dents. Antommarchi, qui triomphe, propose une seconde fois l’émétique ; l’Empereur consent, mais les efforts qu’il doit faire pour vomir le rebutent ; il refuse désormais d’en prendre, ne veut plus boire que de l’eau de réglisse anisée, d’une petite bouteille qu’il garde près de lui. Antommarchi, pourtant, insiste. « Vous pouvez aller vous promener et vous l’administrer à vous-même, lui dit l’Empereur. » Il ne réplique pas, mais il tente d’obtenir de Marchand qu’il émétise les boissons qu’on présentera à l’Empereur ; Marchand refuse, mais une indiscrétion de Bertrand fait croire à Napoléon que son valet de chambre exécute ce qu’a conseillé le médecin et il entre dans une grande colère contre Marchand ; il est un peu calmé, lorsque Antommarchi revient de Jamestown et qu’il demande à être introduit. Le chirurgien cherche à s’excuser sur ce que l’Empereur, en se refusant aux remèdes, met sa vie en danger. « Eh bien. Monsieur, lui répond Napoléon, vous dois-je des comptes ? Croyez-vous que la mort pour moi ne soit pas un bienfait du ciel ? Je ne la crains pas ; je ne ferai rien pour en hâter le moment, mais je ne tirerais pas la paille pour vivre. » Il le congédie et reste deux jours sans le voir.

Au surplus, Antommarchi s’en félicite peut-être ; depuis le 18, Marchand veille toutes les nuits, assisté de Noverraz et de Saint-Denis couchés dans la pièce voisine. Le 24, Noverraz, sous une attaque