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LA DERNIÈRE MALADIE

mourrait plutôt que de se laisser soigner par le Dr Baxter que Lowe avait voulu lui imposer ou par le Dr Verling qui, depuis le départ d’O’Meara, avait occupé son logement jusqu’à l’arrivée d’Antommarchi. Si ignorant, si négligent, si mal élevé que fut celui-ci, il était médecin, ou tout au moins se disait tel, et le prestige d’un titre, même usurpé, suffisait pour qu’on dût s’imposer tous les sacrifices afin de garder à Longwood celui qui le portait. On fit donc effort près d’Antommarchi pour qu’il consentît à rester, près de l’Empereur pour qu’il consentît à le revoir.

À ce moment « l’Empereur ne s’habillait plus que rarement. Il avait ordonné qu’on le forçât à sortir, mais quelque insistance qu’y mît Montholon, il ne parvenait pas toujours à vaincre la répugnance qu’éprouvait l’Empereur à s’exposer au vent du sud-est qui lui faisait mal et irritait ses nerfs. Les promenades en calèche et au pas devenaient de plus en plus rares et il ne rentrait jamais sans se jeter sur son canapé comme anéanti. Ses pieds étaient constamment glacés ; on n’arrivait à les réchauffer qu’au moyen de serviettes très chaudes dont il préférait l’emploi à celui des boules ou de toute autre chose. »

Pour suppléer à l’exercice qu’il ne voulait ou ne pouvait chercher au dehors, il imagina d’établir dans un salon une bascule supportée au centre par un pivot élevé de trois ou quatre pieds au-dessus du plancher ; il se plaçait à une extrémité