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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

même pas que Bertrand ait parlé à l’Empereur du sacrifice qu’il lui a fait.

1820 s’achève ; Napoléon, à l’aurore de la nouvelle année, sait qu’il ne la verra point finir. Le matin, lorsque Marchand est entré dans sa chambre et qu’il eut ouvert les persiennes : « Eh bien, lui dit-il, que me donnes-tu pour mes étrennes ? — Sire, répond Marchand, l’espoir de voir Sa Majesté se rétablir bientôt et de quitter un climat si contraire à sa santé. — Ce ne sera pas long, mon fils, ma fin approche, je ne puis aller loin. » Marchand s’empresse de lui dire que ce n’était pas ainsi qu’il le comprenait. « Il en sera, dit-il, ce que Dieu voudra. » Il ne reçoit point Mme Bertrand ni les enfants ; il reste, comme il disait, dans son intérieur. Le mois de janvier passe sans aggravation sensible, sans amélioration non plus. Les remèdes eussent vraisemblablement été impuissants, même pour le soulager, mais il n’en voulait prendre aucun, Antommarchi ne lui inspirant nulle confiance. La négligence et l’inexactitude de cet homme le frappaient plus encore que son infatuation et son ignorance, mais il ne le lui témoignait point, il ne lui parlait pas ; voilà tout.

À la fin de janvier, Antommarchi écrivit à sir Thomas Reade pour demander à être rapatrié. Le gouverneur vint en faire part à Montholon et eut avec lui, le 27, une longue conversation relative aux personnes qu’on pourrait solliciter de venir remplacer Montholon et Bertrand, au prêtre qui