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LA DERNIÈRE MALADIE

bouillon n’est bon qu’à l’état de jus, ce qui devient fort échauffant ; il reçoit le docteur sans lui rien dire de ce qu’il éprouve, » et cette atonie générale accuse toute la gravité du mal.

Antommarchi imagine qu’un cautère aura des effets merveilleux : l’Empereur dispute longtemps contre le Grand maréchal et contre Montholon que le médecin a convaincus ; il finit par se rendre et, le 18 novembre, un cautère est appliqué au bras gauche. « Ce cautère semble répondre à l’effet qu’en attendait le docteur, l’appétit revient un peu ; les soupirs spasmodiques qui étaient fréquents le deviennent moins. » Mais tout empêche que l’Empereur prenne confiance dans son médecin : l’inexactitude de celui-ci, son infatuation, ses négligences ; et tout cela provoque une mauvaise humeur que, chaque jour, la conduite de cet homme justifie davantage ; pour changer ou refaire le pansement du cautère, il n’est jamais là ; heureusement, Marchand a vu comme il s’y prend et le supplée très adroitement.

Tout à la fin de l’année 1820, « le gouverneur, dit Marchand, fit connaître que le bâtiment venu de l’Inde qui devait emmener le Grand maréchal et sa famille était en rade de Sainte-Hélène. Une détermination contraire à ce départ a été prise par le Grand maréchal, celle de ne point quitter l’Empereur dans l’état de santé où il était. Après quelques jours de stationnement dans le port, le bâtiment fit route pour l’Europe. » Il ne semble