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AGGRAVATION DE L’ÉTAT DE L’EMPEREUR

la distraction, une bonne fatigue ; et, le 4 octobre, il imagine une excursion à Sandy-Bay, chez Sir William Doveton ; Bertrand, Montholon, tout le monde l’accompagnera ; on emportera le déjeuner, un bon déjeuner au Champagne. C’est loin ; l’Empereur, dont l’appétit s’est éveillé, mange un peu plus que d’habitude, boit trois flûtes de Champagne ; au retour, il est recru de fatigue, il atteint à grand’peine la route où stationne la calèche : il se met au lit, avec un très violent mal de tête. Désormais, seulement un peu de marche dans le jardin ou quelques tours de calèche ; le lit et des bains prolongés de deux et trois heures à haute température. Certains symptômes de décadence apparaissent. Il a peine à supporter la grande lumière ; il entend mal ; il a des vertiges. Lorsque la constipation, qui est obstinée, cède aux lavements, un affaiblissement extrême. Antommarchi propose de placer des vésicatoires aux deux bras. L’Empereur refuse : « Pensez-vous, dit-il, que M. Lowe ne me martyrise pas assez sans que vous vouliez en avoir votre part ? » Enfin, devant les instances du Grand maréchal et de Montholon, le 15 octobre, il cède et livre ses deux bras : mais, Antommarchi ne sait pas poser un vésicatoire : il ignore qu’on y donne une forme, ronde ou ovale, et qu’on doit raser la place où on l’applique. Il coupe donc ses deux vésicatoires en carré, les met sur les bras et va se promener à la ville. L’Empereur, resté au lit, gêné et agacé, fait demander à plusieurs