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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

ne se décida à autoriser le changement que lorsque Marchand lui eut garanti que tout se ferait par les gens de la maison : nettoyage des murs sur lesquels on colla du papier blanc, relèvement des châssis, d’où l’on enleva la vieille tenture de nankin pour la remplacer par une tenture de mousseline ; nettoyage et vernissage des meubles, blanchiment des plafonds ; tout fut fait par ses valets de chambre aidés de quelques Chinois. La mousseline rayée, tendue large sur des cordons passés, haut et bas, dans des coulisses, se trouva former « des tuyaux » d’un effet gracieux ; une petite draperie froncée, de même étoffe, cacha la coulisse du haut, celle du bas reposant sur la plinthe : en deux heures, on pouvait changer la tenture dont on avait un double. On mit aux deux petits lits de campagne des rideaux neufs, de soie verte ; on dévissa les boules des colonnettes du lit et du couronnement et l’on y adapta les aigles mis en réserve lorsqu’on avait brisé l’argenterie. Les tableaux furent replacés : chacun s’était ingénié, le Grand maréchal avait envoyé un petit cartel en cuivre doré et un buste du Roi de Rome enfant qu’on plaça sur la cheminée. Quand l’Empereur pénétra dans la chambre, deux pastilles d’Houbigant brûlaient dans la cassolette ; la lumière douce du flambeau couvert éclairait joliment les murs : « Ce n’est plus une chambre, dit-il, c’est le boudoir d’une petite maîtresse. »

Il fallut tout aussitôt s’occuper de la seconde