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ROCHEFORT. — OPINIONS CONTRADICTOIRES

subitement guéri : il est conduit à l’appartement d’apparat, celui qui fut décoré et meublé lors de son voyage de 1808. Un conseil des officiers supérieurs et de plusieurs anciens marins est aussitôt assemblé : à l’unanimité, ils déclarent qu’il est impossible de mettre à la voile tant que les Anglais entretiendront une si nombreuse croisière à la vue de nos bâtiments. « En conséquence, écrit Beker, on a fait préparer une frégate au Verdon, dans la Gironde, et l’on arme un brick près de la Rochelle, afin de profiter de l’une de ces occasions si les croiseurs, en se fixant sur un point, découvrent l’autre, pour favoriser le départ ; mais le succès de cette manœuvre n’étant rien moins que certain, il est instant d’obtenir des passeports que les Anglais, intéressés au départ de l’Empereur, ne peuvent plus refuser. » Et il termine : « Nous espérons toujours que M. Otto obtiendra des passeports, et, en attendant qu’ils arrivent, on se met en mesure de courir les chances les plus favorables à la sûreté de l’Empereur. »

On envisage, en effet, toutes les hypothèses, sans qu’on s’arrête à aucune, sans que l’Empereur semble même avoir sur aucune une opinion : corvette partant de la rivière de Bordeaux, que commandera Baudin, déjà en réputation d’audace et de bonheur ; bâtiment américain de marche rapide, qui se glissera comme neutre ; navire danois, chargé d’eau-de-vie, où l’Empereur se cachera dans une futaille ; on tergiverse, on discute, on parle-