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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

et quatre-vingts pieds de développement. Tous les matins, à la pointe du jour, le valet de chambre, de service, averti par une pierre que l’Empereur jetait dans la persienne de sa chambre, allait éveiller tous les habitants de Longvood : Montholon, les prêtres, le médecin, les domestiques, français, anglais ou chinois. L’Empereur, vêtu — comme Saint-Denis et Noverraz — d’une veste de nankin sur le col de laquelle était rabattu le col de la chemise, et d’un pantalon de même étoffe, chaussé de pantoufles rouges, coiffé d’un chapeau de paille à larges bords, dirigeait le travail et le surveillait, en compagnie de Montholon et de Bertrand, lequel n’arrivait guère avant huit heures. Il essaya même de manier la pioche, mais les ampoules l’obligèrent à y renoncer. À dix heures, on quittait le travail et Napoléon déjeunait dans un bosquet d’orangers de l’un des petits jardins. Montholon, régulièrement, déjeunait avec lui ; parfois Bertrand ; le docteur et les prêtres, rarement : c’était là leur pourboire ; médiocre au surplus. Le déjeuner impérial se composait d’un potage, d’un plat de viande, — poulet, gigot ou poitrine de mouton grillée, — d’un plat de légumes et de café. L’Empereur restait volontiers à table et causait ; lorsqu’il rentrait à la maison, souvent il se couchait ; de deux à trois, il prenait son bain, il dictait ou il causait avec l’un des généraux qu’il avait fait demander ; s’il se sentait bien, il faisait sa toilette en grand et s’habillait : veste et culottes