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LES TRAVAUX DE JARDINAGE

ici odieuse : elle a peut-être une excuse, l’incapacité où il est de reconnaître la maladie. Il recommande l’exercice, mais l’Empereur a naturellement le dégoût de l’équitation, l’horreur de ces promenades qui lui font mieux juger l’étroitesse de sa prison ; et quel exercice alors ? Sans doute, plus tard, essaiera-t-il de la bascule, mais dans les derniers temps, et faudra-t-il l’abandonner presque aussitôt ; il y a le jardinage, et s’il est vrai qu’Antommarchi, comme il s’en vante, ait été pour quelque chose dans le goût qu’y prit l’Empereur, on pourrait lui en être reconnaissant ; mais l’idée ne vint-elle pas de Napoléon lui-même ? « L’Empereur, dit Marchand, depuis quelque temps, parlait d’agrandir les jardins qu’il avait sous ses fenêtres ; il sentait le besoin de se préserver, par un mur de gazon élevé, des vents alisés ; non seulement il y voyait un moyen de distraction pour lui et la colonie, mais il y trouvait aussi l’avantage de repousser de la maison le cordon de sentinelles qu’on y posait chaque soir à neuf heures. » Antommarchi donc n’imagina rien, mais il encouragea l’Empereur à persévérer, et, comme toute la colonie, il prit sa part de l’entreprise.

Dès que Pierron, le maître d’hôtel, eut acheté en ville bêches, pelles, pioches, brouettes, et que chacun fut armé, — l’Empereur même, mais il se servait de son râteau et de sa bêche comme de cannes, — on commença, du côté sud, à élever un talus gazonné ayant neuf pieds de largeur à la base