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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

inconvénients les plus graves : que si le général voulait absolument envoyer sa femme et ses enfants en France, il fallait qu’il les conduisît lui-même, et, alors, qu’il donnât le temps de faire venir un de ses anciens serviteurs pour le remplacer pendant son absence. » Il prenait ainsi à bon marché des apparences de générosité. « C’est moi, dit-il à Marchand, qui engage Bertrand à accompagner sa femme en Europe pour aller mettre ordre à ses affaires qui, s’il n’y allait pas, pourraient bien en souffrir. »

Bertrand ne fut point dupe ; il trouvait naturel que l’Empereur voulût le garder, et quels que fussent, dans son intérieur, les reproches qu’il eût à subir, il se soumit ; il obligea sa femme à rester, mais il demanda, ce qui fut accordé, que si, dans une année, il n’y avait pas de changement dans la situation des choses, l’Empereur lui accordât un congé de neuf mois, temps qui lui paraissait suffisant pour aller, en Angleterre, pourvoir à l’éducation de ses enfants et revenir. Le général priait Sa Majesté de se rappeler que, s’il s’éloignait de Sainte-Hélène, c’était contre son gré et sur les indications de l’Empereur lui-même.

Pourtant, nul n’eût eu de meilleures raisons pour partir. Il venait d’apprendre la mort de son père, décédé à Châteauroux au mois de mars 1820, Il avait à recueillir « une belle fortune territoriale bien administrée », mais qu’il devait partager avec son frère Bertrand-Boislarge et son neveu Duris--