Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/435

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
417
LES BERTRAND PARTIRONT-ILS ?

blable. On n’en a pas moins cherché à établir une corrélation entre cette annonce du prochain départ et une aggravation dans la santé de Napoléon, mais ce fut là l’effort d’une inimitié qui profitait de tout. Ce que l’on peut légitimement penser, c’est que l’Empereur n’avait point réalisé ce départ, si même on admet que les Bertrand eussent, de son aveu, formulé une demande — ce qui semble impossible — et la nouvelle survenant lui causa une vive contrariété. Il eut, avec Bertrand, une longue explication, à la suite de laquelle il fut à peu près convenu que l’on chercherait en Europe quelqu’un qui vînt relever le Grand maréchal. « En effet, sur le bureau de la chambre à coucher, je vis, dit Marchand, écrits au crayon, les noms suivants en forme de liste, tels que ducs de Vicence, de Rovigo, Ségur, Montesquiou, Daru, Drouot, Turenne, Arnault, Denon » ; c’étaient les mêmes qui devaient être prononcés six mois plus tard officiellement. Jusqu’à ce qu’un de ces personnages consentît à partir et arrivât à Sainte-Hélène, des années auraient passé.

Très vite, d’ailleurs, on se restreignit à ce que la comtesse partît seule ; mais, là encore, l’Empereur ne renonçait pas au jeu. Lorsque le bâtiment sur lequel elle devait s’embarquer fut dans le port, l’Empereur trouva de grandes difficultés : « La comtesse Bertrand, dit-il, serait fort embarrassée en France ; elle y serait dans une fausse position vis-à-vis du gouvernement. Il en résulterait les