Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/433

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
415
LES BERTRAND PARTIRONT-ILS ?

En 1817, par la voie ministérielle, le Grand maréchal avait fait demander à son père, lequel avait ses procurations et faisait ses affaires, de bien vouloir lui envoyer, pour ses enfants, les livres de classe nécessaires. M. Bertrand était venu exprès de Châteauroux à Paris pour les acheter et renouveler en même temps la garde-robe de sa belle-fille et de ses petits-enfants. Lorsqu’il avait demandé les autorisations nécessaires pour l’expédition de ces caisses, qui devaient passer par l’administration anglaise des Colonies, le ministre français de la Police l’avait renvoyé au ministre des Affaires étrangères, et celui-ci, M. le duc de Richelieu, n’avait pas daigné répondre.

En 1820, l’aîné des garçons allait sur ses douze ans ; la fille était dans sa onzième année. « La comtesse n’avait pas l’exactitude et la patience nécessaires pour instruire elle-même ses enfants ; le général ne les avait pas non plus. Pour une jeune fille, le séjour de Longwood n’était pas sans inconvénients. » Arthur, avec ses trois ans, y faisait provision, près des soldats qui s’occupaient de lui, de tous les jurons usités dans le bas peuple. La position devenait très difficile. Toutefois, avant d’oser parler à l’Empereur de la nécessité que « la comtesse Bertrand conduisît ses enfants en France ou en Angleterre pour leur procurer une éducation convenable », quelles humeurs il dut essuyer ! L’Empereur savait à quoi s’en tenir des désirs de Mme Bertrand, du dégoût qu’elle éprouvait à vivre