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LES BERTRAND PARTIRONT-ILS ?

mêmes réponses, et, à la même heure, prenait congé avec les mêmes gestes. « Lui, disait Lady Malcolm à Lady Jerningham, à qui elle avait été porter des nouvelles de Mme Bertrand, lui est la meilleure espèce d’homme qui puisse être, mais il est le plus déprimé d’esprit de tout le monde ; elle a l’horreur d’être là, et lui, quoique avec grand sentiment pour elle et ses enfants, est attaché de cœur à Buonaparte. » C’était cette dépression, résultant à la fois du climat, de l’hygiène, de l’ennui et de la lutte perpétuelle avec sa femme, qui rendait Bertrand d’une société si terne et si médiocrement attrayante.

De plus, il s’était imposé une mission qui ne pouvait manquer de lui donner des apparences de dureté et de raideur. Dans la maison, comme Las Cases et pour d’autres motifs, il représentait l’intransigeance, et, en cela, Hudson Lowe l’avait bien jugé : il était convaincu que l’Empereur ne pouvait, sans se dégrader, céder sur aucun des points où son passé exigeait qu’il se maintînt ferme ; il s’était établi le conservateur de l’étiquette ; il veillait à ce que nulle lettre ne sortît de Longwood qui ne fût selon les règles : il n’admettait point que quiconque fût admis sans en avoir près de lui formé la demande et sans être introduit par lui ; il ne tolérait aucune concession, ne s’abaissait à aucune complaisance ; il se tenait en termes courtois avec les commissaires étrangers, mais il ignorait le commissaire français, et, vis-à-vis du gou-