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LES BERTRAND PARTIRONT-ILS ?

d’hui — Sire, répond le Grand maréchal, la robe vient de Sainte-Hélène, et le choix n’est pas grand. — Attends, Hortense, dit l’Empereur, je vais te donner de quoi faire un joli caraco. » Et il fait chercher par Marchand un habit de velours cerise, brodé en or et en soie — un des quatre qui, en 1800, ont été offerts au Premier Consul par la ville de Lyon. Nuls mots ne sauraient rendre l’éclat et la douceur chatoyante de l’étoffe, la perfection des broderies de fils d’or et de soie verte et jaune. Il l’a porté, cet habit, le jour de la signature du Concordat et le jour où il visita à Rouen la manufacture des frères Sévenne ; Gérard et Isabey l’ont dessiné. Il le prend, cet habit lourd de gloire, et le met sur les épaules de la petite : « Au moins, lui dit-il, avec cela tu seras belle. ».

Si Hortense est favorisée, ce n’est pas au détriment des autres. L’Empereur imagine, un jour, de mettre au concours la table de multiplication, et Napoléon Bertrand, qui la sait le mieux, a, pour récompense, une montre en or. Tout de même, le préféré est peut-être le petit Arthur : il a voulu défendre sa sœur contre l’Empereur, lors du fameux percement d’oreilles, et l’Empereur s’en est fort amusé. Un bel après-midi, Arthur s’en vient chez l’Empereur et, dans son baragouin anglais, il lui demande un cheval. Dans la journée, il a vu un petit cheval de Java, tout mignon et rare, qu’un habitant de Jamestown avait amené à Longwood, et il meurt d’envie de l’avoir. L’Empereur com-