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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

monde. Elle s’était médiocrement pliée à obéir au lieu de commander, si bien qu’elle était en réalité assez mal avec l’Empereur, qu’elle le voyait rarement et ne participait pour ainsi dire à rien de ce qui faisait l’unique intérêt de la vie à Longwood.

Elle avait eu la douleur de perdre sa mère, morte à Paris, le 20 octobre 1817, et, lorsque la nouvelle lui en arriva plus de trois mois plus tard, combien elle regretta de n’avoir point exigé que le Grand maréchal tînt la promesse qu’il lui avait faite et dont elle avait pris acte solennellement, de ne pas rester plus d’une année à Sainte-Hélène. Au moins aurait-elle revu cette mère dont elle s’était séparée à si grand trouble ; ne fallait-il pas qu’elle fût bien vivement attachée à sa famille anglaise pour que, à ce petit garçon né à Sainte-Hélène, sous les yeux de l’Empereur, « le premier Français, comme elle lui dit, qui fût entré dans l’île sans l’autorisation des Anglais », elle donnât le nom de son père, Arthur Dillon, et qu’elle priât Lady Jerningham d’en être la marraine ? Elle était très Anglaise, n’était, sauf Bouges, entourée que de domestiques anglais, ne parlait qu’anglais aux enfants. Le départ de Lady Bingham, celui de Lady Malcolm, avec laquelle elle s’était liée au point de la charger pour ses parents d’Angleterre de communications tout à fait intimes, l’avaient fort attristée. Elle était constamment malade ; après deux ou trois fausses couches, elle avait mené à bien la grossesse du petit Arthur, né le 9 jan-