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LES BERTRAND PARTIRONT-ILS ?

et, prenant que Lyster avait agi comme le champion et le second de Lowe, il s’était mis à la disposition de celui-ci. Lowe avait dû faire des excuses et ordonner à Lyster de se retirer de Longwood, mais il n’avait donné aucune autre suite à cette surprenante affaire où un inspecteur des milices, en service commandé, avait pris à partie un lieutenant général prisonnier, et avait prétendu, par ses injures, le contraindre à se battre avec lui. Il n’avait point, semble-t-il, envoyé les lettres de Lyster à Lord Bathurst, non plus que la lettre qu’il avait lui-même adressée au Grand maréchal, et, par amitié pour son ancien camarade de régiment, il avait gravement manqué à son devoir.

À quoi il avait ajouté une lâcheté : il avait saisi cette occasion pour faire entendre que les officiers de l’île — officiers réguliers de l’armée de Sa Majesté — étaient solidaires du lieutenant-colonel Lyster — officier local, que lui seul avait nommé — et qu’ils devaient — eux et leurs femmes — mettre en quarantaine « pauvre Mme Bertrand ».

Ces tracasseries indignes avaient un objet déterminé. Lowe s’était donné pour but de lasser Mme Bertrand, de lui rendre l’existence à Sainte-Hélène à ce point odieuse qu’elle décidât son mari à la laisser partir, et le Grand maréchal l’eût certainement accompagnée. Que Bertrand partit et tout irait bien.

Mme Bertrand était un être sociable ; elle avait toujours vécu dans le monde, elle avait besoin du