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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

Et elle n’avait plus les visites des femmes d’officiers du camp de Deadwood, depuis la terrible histoire entre le lieutenant-colonel Lyster et le Grand maréchal.

Ce Lyster, que Lowe avait amené avec lui, qui peut-être avait été son camarade de régiment, mais qui depuis longtemps ne faisait plus partie de l’armée régulière, avait été revêtu pour la circonstance des fonctions d’inspecteur de la milice avec le grade local de lieutenant-colonel. Lowe avait imaginé de le placer à Longwood comme officier d’ordonnance, avec un lieutenant sous ses ordres. L’Empereur, auquel on avait rapporté que Lyster avait servi dans un régiment corse à Ajaccio et qu’il ne comptait pas dans l’armée, s’en était indigné et avait fait écrire par Bertrand une lettre des plus fortes au gouverneur. Celui-ci avait fait la sottise de montrer la lettre à Lyster, lequel avait débuté à Longwood en cherchant querelle à O’Meara de la façon la plus grossière. Sur la plainte formée contre sa nomination, Lyster avait envoyé aussitôt au Grand maréchal un cartel où il insultait l’Empereur en même temps que le Grand maréchal dans les termes de la plus basse vulgarité. Bertrand n’ayant point répondu à cette provocation, le lieutenant-colonel Lyster avait redoublé le lendemain par une lettre où il menaçait le Grand maréchal de coups de fouet au cas où il ne lui donnerait pas satisfaction. Bertrand avait envoyé ces cartels au gouverneur avec une lettre dictée par l’Empereur,