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LES DEPARTS. — LES COMMISSAIRES

tives de révolte contre les exigences d’Hudson Lowe, il se désintéressa du prisonnier : « Je vais à Plantation House continuellement, écrivait-il le 18 juin 1819 ; on m’y reçoit à bras ouverts ; les dîners, bals et soirées s’y multiplient. » Les beaux yeux de Suzanne Johnson avaient opéré la conversion de Balmain, en même temps que les dépêches du comte Lieven lui avaient inspiré la crainte du Seigneur : cela finit par un mariage, comme dans les comédies, et beau-père et gendre s’accordèrent d’autant mieux que le nouveau couple partit pour la Russie dans les premiers jours de mai 1820. Nommé aide de camp de l’empereur en récompense de ses services, Balmain devait, jusqu’à sa retraite, en 1837, jouir des bonnes grâces de son souverain. Il ne mourut qu’en 1848.

Sir George Bingham, lui aussi, était parti en mai 1819, « malgré les avantages et le brillant du poste d’adjudant général à Sainte-Hélène ». À la vérité, par crainte de querelles avec le gouverneur, il ne paraissait plus guère chez l’Empereur, mais il était toujours dans les meilleurs termes avec les Français, et Lady Bingham, qui était venue le rejoindre, était d’une précieuse ressource pour la pauvre Mme Bertrand.

Celle-ci sortait à peine de la petite maison où elle était confinée ; elle ne paraissait plus guère chez l’Empereur qui, d’ailleurs, passait presque toutes ses journées dans son appartement, vêtu d’une robe de chambre, la tête coiffée d’un madras.