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LES DEPARTS. — LES COMMISSAIRES

Il est vrai qu’alors elle était comtesse et ambassadrice, ce qui la mettait encore plus loin des Las Cases.

Des rencontres sur les routes, dans des endroits publics ; des saluts échangés, des mots de banalité courtoise, avec la perpétuelle inquiétude que le gouverneur ne soit averti, qu’il ne prenne l’éveil, qu’il n’écrive à son gouvernement, voilà ce qu’on a eu du baron Stürmer.

Le comte de Balmain aurait pris plus d’initiative que son collègue d’Autriche ; ses instructions l’y autorisaient et son caractère le poussait à l’action ; il eût souhaité fournir à sa cour des détails qui intéressassent l’empereur et qui montrassent l’utilité de sa mission, particulièrement des anecdotes rétrospectives sur le rôle de quelques hommes ou sur la conception de certaines opérations stratégiques. Nul doute qu’il ne s’exagérât la curiosité de l’empereur Alexandre : si celui-ci, en 1815, avait pu croire qu’il y prendrait une sorte de distraction, il s’en était fort écarté deux ans plus tard et ne s’en souciait plus ; mais, si l’on peut admettre qu’il y eût, fût-ce un trait de temps, curiosité, il n’y eut jamais pitié ; jamais non plus Balmain ne força sa consigne au point de donner au Captif l’espérance d’une intervention de l’empereur Alexandre. Jamais ces entretiens ne prirent, même de la part des compagnons de l’Empereur, un tour quelque peu intéressant tant que Gourgaud fut à Sainte-Hélène.