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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

d’éviter que les commissaires entrassent en rapport avec l’Empereur. Leur surveillance lui donna presque autant de peine que celle de son prisonnier, et l’une des infractions qu’il considéra comme les plus graves n’en vint pas moins du commissaire autrichien. Les plaintes de Lowe à propos de la conduite de Philippe Welle ne manquèrent point d’émouvoir le gouvernement autrichien, auquel il était insupportable de penser que quelqu’un en Europe pût lui attribuer quelque attention pour Napoléon. Dès le 26 mars 1817, Metternich écrivit à Stürmer que « Sa Majesté désapprouvait entièrement sa conduite avec Sir Lowe, le style de sa correspondance avec le gouverneur et les déclarations qu’il lui avait faites au sujet du jardinier Philipp Welle ». Cette même affaire amena Metternich à proposer à l’empereur, le 13 octobre, le rappel de Stürmer ; la dépêche, expédiée le 29 novembre, ne parvint à sa destination que le 8 juin 1818, et Stûrmer quitta Sainte-Hélène le 11 juillet. Par ailleurs, on n’eut certes rien à lui reprocher ; il n’eut avec les officiers de Longwood que de très simples rapports de politesse, et si, au fond de son cœur, la baronne Stürmer portait à l’Empereur, ainsi que l’a dit Betzy Balcombe, un respect religieux, elle l’avait si bien dissimulé que Las Cases immortalisa son ingratitude. Il n’avait point si grand tort, car elle a pris soin de l’attester elle-même quelque vingt ans plus tard à M. de Montbel, qui s’en porte garant.