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ABATTEMENT DE NAPOLÉON

tuait un acte. L’acte serait posthume et il ne s’en souciait plus. Quant aux pamphlets qu’il eût pu écrire d’indignation, à quoi bon, puisqu’il ne se présentait plus de moyen de les envoyer en Europe, et puis les autres, ceux qu’il avait fait éditer auparavant : les Lettres du Cap, la Réponse à Lord Bathurst, qu’avaient-ils produit ?…

C’était là la suprême douleur, l’impuissance. À quoi bon écrire, à quoi bon penser, à quoi bon vivre ? Quiconque a porté intérêt au captif, quiconque a semblé le distraire a disparu : mort Cipriani, le seul aux rapports duquel il eût confiance, l’ingénieux observateur qui faisait son profit de tous les bruits de Jamestown, qui se tenait au courant de tout ce qu’apportaient les store-ships, et qui pratiquait, avec son habileté de policier, les domestiques des commissaires étrangers et ceux même des officiers anglais ; et, pour mener Cipriani à sa dernière demeure, point de prêtre catholique ; il a fallu, pour qu’une prière fût dite sur la tombe, avoir recours à un ministre protestant : — ce fut là même ce qui détermina l’Empereur à demander qu’un prêtre fût envoyé à Sainte-Hélène pour l’assister à l’heure de la mort. Partis, l’amiral et Lady Malcolm, celle-ci pleine d’enthousiasme, celui-là pénétré de respect, tous deux sachant unir en leur attitude la déférence et la pitié avec le plus pur loyalisme ; Malcolm pris par l’Empereur comme juge de ses griefs contre Lowe, quelle plus grande preuve de confiance ! Lady Malcolm, qui est la