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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

à cause de son caractère, l’Empereur n’avait point tiré tout le profit possible, car, ayant assisté depuis 1805 à toutes les campagnes, Gourgaud eût pu l’aider à en fixer l’histoire et à déterminer les mobiles des grandes opérations.

Las Cases et Gourgaud partis, restaient Montholon, avec lequel il travailla certainement, mais, à ce qu’il semble, à bâtons rompus, jetant, à propos d’un livre récemment arrivé d’Europe, quelques phrases de réfutation ou d’apologie, mais sans rien entreprendre de longue haleine ; puis Bertrand, avec lequel il reprit de bout en bout les campagnes d’Égypte et de Syrie, déjà travaillées légèrement avec Gourgaud.

Il employa Marchand aux guerres de Jules César, Saint-Denis, vraisemblablement, aux guerres de Turenne et de Frédéric ; mais, lorsqu’on les publia, ces œuvres qui n’eussent valu que par le développement d’un parallèle avec sa méthode de guerre, semblèrent, il faut le reconnaître, d’un intérêt médiocre et d’une documentation parfois déconcertante.

En réalité, le goût n’y était plus : il lui fallait le coup de fouet d’une contradiction où il sentît une compétence, d’une attaque qui ne fût point uniquement d’un pamphlétaire, pour qu’il se déterminât à prendre ce crayon des traits duquel, à présent, il couvrait de grandes feuilles de papier. À quoi bon ? Il avait perdu toute confiance en son œuvre, qu’il n’avait considérée comme utile que si elle consti-