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ABATTEMENT DE NAPOLÉON

attribuer uniquement à la maladie de foie, il passe une partie de sa journée et de sa nuit dans des bains très chauds, qu’il prend dans le misérable petit cabinet derrière sa chambre à coucher.

Il ne travaille plus : avec qui travaillerait-il ? Las Cases avait été le grand excitateur, et, s’il fût resté à Sainte-Hélène, au lieu du Mémorial, que le personnalisme aigu rend parfois suspect, et où l’interpolation de pièces tantôt douteuses, tantôt formellement apocryphes, jette un certain discrédit sur l’ensemble, sans doute eut-il pu, moyennant les dictées de l’Empereur, élever à sa gloire un monument intégral et digne de lui ; c’eut été, il est vrai, du Napoléon et non du Las Cases. Néanmoins, une partie des manuscrits publiés comme mémoires de l’Empereur avaient été écrits par Las Cases sous sa dictée, et il en avait laissé les manuscrits à Longwood. Une autre partie, assez importante, avait été dictée au général Gourgaud qui, dans la colonie, était « le travailleur ». Il n’avait, pour emplir sa journée, que les dictées de l’Empereur, le travail que celui-ci lui demandait — recherches historiques, problèmes de mathématiques, études de questions militaires techniques — et son journal où chaque soir, avec une étonnante prolixité, il consignait ses actes, ceux des autres, ses regrets, ses tendresses, et les accidents de la vie commune. De Gourgaud,