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MANUSCRIT VENU DE SAINTE-HÉLÈNE

de toute conclusion ; non plus des controverses au sujet des fournitures et des provisions à Sainte-Hélène, de telle ou telle restriction aux promenades sur un terrain inconnu, mais une vue d’ensemble, une sorte de confession, tout le moins d’explication, de révélation : une telle destinée posait une énigme dont on voulait le secret, et c’est pourquoi, en même temps que le public faisait un médiocre accueil aux publications réellement émanées de Sainte-Hélène, — fût-ce à ce Manuscrit de l’île d’Elbe, où abondaient sur les Bourbons les aperçus ingénieux et puissants, — il s’était précipité sur ce Manuscrit venu de Sainte-Hélène d’une manière inconnue ; pourquoi sa curiosité ne se trouvait point satisfaite par les éditions qu’on multipliait en Angleterre, en Belgique, même en France ; pourquoi des milliers et des milliers de fidèles s’évertuaient à copier ce médiocre pamphlet. Tout y était manqué comme pastiche, le style et les idées ; mais, sous une forme accessible, en peu de pages d’une allure vive et décidée, s’y trouvaient formulées les appréciations qu’on attendait et qui plaisaient parce qu’elles confirmaient des opinions acquises. L’Empereur avait si bien compris que le Manuscrit venu de Sainte-Hélène emporterait tout et qu’il créerait une légende particulièrement tenace, qu’il avait spécialement chargé O’Meara de publier les Raisons dictées en réponse à cette question : La publication intitulée « Le Manuscrit de Sainte-Hélène », imprimée à Londres en 1817, est--