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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

quitter Sainte-Hélène ». Il avait adressé des lettres, qui étaient à la vérité des morceaux oratoires, à toutes les personnes qu’il pensait pouvoir influer sur le sort de Napoléon ; il y en avait eu pour Marie-Louise, pour Metternich, pour l’empereur de Russie ; il y avait eu des factums dont il est difficile de comprendre l’utilité, pour Lord Bathurst et les autres ministres anglais ; il y avait eu des pétitions au parlement d’Angleterre ; puis une correspondance à l’infini avec les parents de l’Empereur et avec quantité de gens qui étaient présumés vouloir le servir. Il n’y a point à parler des lettres par lesquelles il donnait au Grand maréchal, avec les précautions nécessaires et en empruntant la voie officielle, des nouvelles de la Famille. Quoique traduit en un style déplaisant à force de prétendre à l’éloquence et de se guinder au sublime, l’effort de Las Cases n’en était pas moins méritoire et, s’il ne produisait point tout l’effet que son auteur en espérait, au moins celui-ci pouvait il prendre l’illusion qu’il imprimait à l’opinion un mouvement dont témoignaient d’autres indices qui n’avaient point rapport à lui. Ainsi avait-on presque atteint le milieu de l’année 1818 et s’attendait-on que le Congrès devait se tenir à l’automne.

Cependant, le général Gourgaud a fait diligence ; ayant quitté Longwood le 13 février 1818, par faveur spéciale, il a fait voile directement pour l’Angleterre le 14 mars ; le 1er mai il était en vue de Plymouth ; le 8 il a été autorisé à débarquer ; le