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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

bravoure ; Ponée était moins brillant, mais son dévouement était absolu ; le rôle qui lui était réservé était digne de lui.

Le 28, en effet, Decrès recommande que, dès l’embarquement de Napoléon, toute communication cesse avec la terre ; puis il écrit : « Si l’on est obligé de combattre les ennemis en force supérieure, la frégate sur laquelle Napoléon n’est pas embarqué se sacrifiera pour donner à celle sur laquelle il est le temps d’échapper… Les commandants, les officiers et les équipages des frégates trouveront dans leur cœur, et il leur est expressément ordonné, de traiter sa personne avec tous les égards et le respect dus à sa situation et à la couronne qu’il a portée. »

Cet appel à un héroïsme qui, tout à l’heure, n’aura pas besoin d’être commandé pour s’offrir, devait rester inutile. Dès que l’Empereur voyait s’anéantir cet espoir suprême d’une revanche à prendre en combattant, et que désormais il devait considérer formellement « sa vie politique comme terminée », peu semblait lui importer. Sa dignité lui interdisait la sortie clandestine ; cette foule qui s’attachait à lui rendait impossible la sortie de vive force ; une seule solution, dès lors : attendre les passeports ; on lui annonçait qu’il les trouverait à Rochefort. Soit ! D’ailleurs il s’abandonnait aux destins, et lui, qui avait toujours commandé, il obéissait.